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Mardi 26 octobre 2010 à 14h00 devant la Présidence.

dimanche 25 novembre 2007

Plus de 50 ans de lutte

Discours prononcé par Françoise Oulmi, lors de l’Assemblée Générale des étudiants de l’université de Pau, le mercredi 21 novembre 2007.

En tant qu’enseignante retraitée je voudrais vous parler de mon interprétation de la réforme d’autonomie des universités. Cette réforme d’autonomie des universités favorise l’investissement dans les filières scientifiques et non littéraires. L’entreprise financera davantage les universités qui sont localisées dans les endroits favorisés. On ne va pas investir dans les universités situées dans des quartiers ou des petites universités comme Pau. L’entreprise va financer davantage certaines filières, elle va imposer son dictat. Elle ne fera pas d’harmonisation, la sélection se fera de facto. Par exemple à Paris, entre le lycée Henri IV dans le 5ème arrondissement, (un des meilleurs quartiers de Paris) et celui de Bondy dans la Seine Saint Denis (93) où se trouve les immigrés, dans lesquels j’ai enseigné

Ce n’est pas normal que cette loi face une autonomie financière et donne tous les pouvoirs à un président, alors qu’il aurait été nécessaire de créer un conseil d’administration et une direction collégiale. Nous ne voulons pas d’une opportunité d’investissement pour une seule orientation, ce n’est pas démocratique. Il manque dans cette loi un projet éducatif. Il faut savoir qu’elle est la provenance des mécènes qui viennent financer l’université. Il faut qu’il y ait de l’éthique au lieu d’avoir dans une économie sociale une logique sociale. Nous avons des critères de rentabilité, il faut surveiller la provenance des fonds alloués. Nous rejetons la marchandisation dans l’université. Cette loi favorise une politique à l’américaine, au thatchérisme. Nous sommes en France et non pas en Amérique. Depuis 1789, la France a une tradition démocratique. Demos signifie en grecque le peuple. Tous les acquis sociaux gagnés depuis 45 ans sont bafoués par le président Sarkozy. Nous ne voulons pas d’une société sans culture, sans musique, sans poésie, sans esprit critique.

La vie n’appartient plus à l’homme mais à la machine, au rendement. Les attaques systématiques du gouvernement doivent cessées. Nous ne pouvons pas continuer à subir passivement, fonctionnaires, professeurs, lycéens, étudiants, travailleurs, chômeurs, « précaires », sans papiers et immigrés. Le gouvernement a modifié la carte judiciaire, beaucoup de tribunaux ont été supprimés à Pau et dans le département. En bref, la philosophie des réformes proposées est de supplanter la mission du service public de l’état hérité par un conseil de la Résistance, par des fonds privés d’entreprise, peu soucieux des logiques de solidarité et d’équité.

Le gouvernement prône sa réforme et acte son projet de réforme sur la nécessité de rentabilité de l’université au vu de situation de paupérisation de l’Université Française sur la scène internationale. Le gouvernement entant faciliter par sa réforme la pénétration et la violation par des financements privés pour redorer le blason de l’Université Française. Il ne propose rien : concernant les conditions de vie des acteurs de l’université, aussi bien des étudiants, du personnel administratif et des professeurs qui ne sont pas remplacés. En tant qu’enseignante je propose la continuité du blocage.

Par expérience personnelle quand j’étais jeune, j’étais inscrite en troisième année à la faculté de droit rue d’Assas. Je voulais être avocate des jeunes délinquants. Mais j’étais révoltée par les injustices, la misère dans les pays du Tiers-Monde, en Amérique latine, en Afrique, en Espagne. On torturait des citoyens algériens en plein Paris à la suite de contrôle d’identité. Je me suis engagée dans une organisation de résistance algérienne en France : l’organisation spéciale (dont personne n’a jamais parlé) qui voulait faire savoir au français qu’on pouvait exercer la torture en plein Paris sans que personne n’en parle. J’ai été arrêtée, assignée à résidence dans le Sud, radiée de la faculté de droit. Mais je suis restée fidèle à mon engagement politique.

Aussi je vous demande de faire un choix entre votre diplôme et la liberté démocratique.

Continuons le blocage.

Françoise Oulmi, 72 ans.